Lettre d'information n°2

Georges Bardot, maire de CorbenayChères Corbinusiennes, chers Cobinusiens,

 

Sur ma première lettre d’information, je m’étais présenté. Sur celle-ci, j’éprouve le besoin de vous parler de l’école maternelle. Mais sous un aspect très particulier, un aspect historique. Savez-vous à quelle date fut crée la première école maternelle à Corbenay et quelle en fut la première enseignante ? Si cela vous intéresse, lisez la suite…

 

Les 1ermars, 19 mars et 4 juin 1882, les conseillers, sous la présidence du maire, Monsieur Jean-Baptiste Poirot délibèrent sur l’opportunité de créer une école enfantine à Corbenay. On peut penser que ce souci est lié à la mise en application de la loi du 28 mars 1882 qui rend l’enseignement primaire obligatoire. Ils pensent que, du fait de la loi, le nombre des élèves de l’école primaire va augmenter et que, de ce fait, il n’y aura plus de place pour accueillir les enfants en dessous de l’âge légal. Voici leurs motivations telles qu’elles figurent dans leur délibération du 4 juin :

« …Considérant que les écoles existantes regorgent d’élèves, du moins pendant la saison d’hiver, qu’elles pourraient difficilement recevoir davantage d’enfants, que cependant la loi sur l’obligation, une fois en vigueur, sera assurément une cause d’ augmentation du chiffre des élèves, que l’autorité municipale a le devoir d’assurer aux enfants de la commune des moyens d’éducation, qu’il est bon que ces enfants puissent être reçus à l’école, même au-dessous de l’âge d’admission aux écoles primaires, qu’enfin la population est essentiellement agricole, raison qui à elle seule suffirait, vu l’importance de la localité, à décider la création d’une école enfantine où les parents conduiraient leurs jeunes enfants de deux ans et au-dessus, à l’époque surtout des travaux de la campagne, ce qui leur permettrait de vaquer sans inquiétude de ce côté, à leurs travaux quotidiens... »

Dans un premier temps, la municipalité envisage d’aménager un local communal et fait même réaliser un devis, mais le 14 janvier 1883, elle se ravise et décide, non plus d’aménager un local existant, mais de construire une école enfantine « sur le terrain que la commune possède au sud de l’église dans la partie qui fait « redan » dans le jardin de l’instituteur ». Elle choisit Monsieur Fournier, architecte à Lure, pour établir « les plans et devis des travaux ».

Le devis qui est présenté le 1er avril 1883 fait apparaître la somme de 16 300 francs. Le conseil municipal pense alors que « … la dépense totale prévue au détail estimatif… pourrait être réduite en faisant subir aux plans quelques modifications de nature à simplifier ou supprimer certains détails accessoires... ». Ils font ces propositions : «… les pilastres et les frontons des portes d’entrée de la salle d’asile seront faits sans sculptures, seulement avec de simples moulures » et puis aussi « les laves de la couverture… ne seront ni percées, ni clouées, elles seront simplement posées comme cela se fait dans les couvertures ordinaires. »

Finalement, le 15 avril 1883, le conseil accepte un devis rectifié de 11 100 francs.

 

Comment trouver l’argent nécessaire ?

«… par la vente d’un coupon de la contenance de dix hectares de la réserve de ses bois dit du Fahys d’Equevelles, lequel a atteint l’âge de vingt-six ans et par conséquent a atteint sa grosseur » (délibération du 14 mai 1882).

Et puis aussi par la vente de terrain à la Compagnie des chemins de fer de l’Est pour l’agrandissement de la gare d’Aillevillers (délibération du 16 février 1883).

Le 11 décembre 1883, «  … le maire expose au conseil que les terres végétales qui se trouvent dans l’emplacement où doit se construire la salle d’asile et la cour sont de bonne qualité et ont une certaine valeur vénale et qu’il conviendrait de les mettre en adjudication au profit de la caisse communale... », ce qui, bien sûr sera fait et viendra compléter le budget.

Enfin le 15 août 1884, le bâtiment est terminé, il faut penser à la rentrée d’octobre. Voici la délibération en son entier, elle en vaut la peine…

« L’an mille huit cent quatre-vingt-quatre, le quinze août, le Conseil municipal de la commune de Corbenay réuni en séance ordinaire sous la présidence de Monsieur Poirot, maire,

Etaient présents : Messieurs Bardot Samuel, Bardot François, Cozeret François Auguste, Duhaut Pierre François, Faivre Hippolyte, Fleurant Léandre, Lambert Joseph, Paris Jean Baptiste

Absents : Messieurs Bardot Joseph Alexandre, Bigey Auguste et Cozeret Célestin

Monsieur Faivre Hippolyte a été élu secrétaire.

Le conseil ainsi constitué le président expose que la commune vient de faire construire un bâtiment devant servir de salle d’asile lequel pourra recevoir les enfants dès la rentrée d’octobre prochain et que par suite il y a lieu de pourvoir au traitement de la Directrice attachée à cet établissement.

Le Conseil, considérant que depuis l’approbation du traité conclus le premier novembre 1821 entre la commune de Corbenay et l’association religieuse « La sainte Famille de Besançon », les écoles de filles ont été constamment dirigées par des religieuses, considérant que dans le bâtiment plus haut cité aucune construction n’a été aménagée en vue de constituer des logements pour la Directrice de l’asile et que par suite la commune se voit dans la nécessité de loger la personne attachée à cet établissement dans le local même des sœurs actuellement en exercice, délibère que malgré le désir qu’il a de voir une laïque chargée de la direction de l’école enfantine, il y a lieu de solliciter de l’administration la nomination d’une religieuse comme directrice de l’asile, et vote en conséquence la somme de quatre cents francs comme traitement de la Directrice dont il est parlé ci-dessus. »

Il faudra cependant attendre le 15 janvier 1885 pour voir arriver la première Directrice de la première école maternelle de Corbenay, Madame Keifler Joséphine, qui est effectivement une religieuse issue de la Congrégation des sœurs de la Sainte Famille.

 

Georges BARDOT

Maire de Corbenay

 

Septembre 2008

 

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