Historique
Historique du village
Le nom du village est mentionné pour la première fois en 1293 dans un acte de la Seigneurie de Faucogney, nous commencerons donc l’histoire du village à cette date.
On trouve trace de Corbenay dans les démêlés qui opposèrent, entre 1302 et 1316, le Prieuré de Fontaine et les Seigneurs de Saint-Loup. « La nuit de la St Martin d’hiver de l’an 1302, les gens d’Hugues de St Loup vinrent en nombre à Fontaine… Ils s’attaquèrent ensuite au Sergent du Roi et du Prieur, Fleurey, forgeron à Corbenay et "le blessèrent si vilainement par l’épée que, onze mois après les plaies qui lui furent faites, il en demeurait tout affolé" ».
Corbenay est situé au nord de la Franche-Comté, tout près de la frontière avec la province voisine, la Lorraine. Et si Corbenay faisait bien partie de la Seigneurie de Faucogney, une partie de ses terres appartenait à Mesdames les chanoinesses de Remiremont, qui, elles, étaient lorraines.
Au moyen âge, un certain nombre de hameaux étaient situés à l’écart du centre du village dont ils dépendaient : les Granges chrétiennes, La Noue Aubain (La Noire Aubain sur les anciens actes), le Chanet, La Chaux.
Dans un décret de 1663, concernant les revenus de la seigneurie de Fougerolles, il est mentionné que les seigneurs de Fougerolles possèdent une partie du territoire de Corbenay, « indivisement avec Madame la Sonrière(chanoinesse), Dame de Remiremont et le Seigneur de Saint Remy ».
Corbenay connut d’abord deux fléaux : la peste noire en 1349 et les ravages des « Routiers » en 1364.
La peste noire qui arrivait d’Asie via l’Europe centrale « commençait par une fièvre violente, que suivaient le délire, la stupeur et l’insensibilité. La langue et le palais devenaient livides, l’haleine fétide ; le corps se couvrait de taches noires et, chez quelques personnes se déclaraient instantanément d’abondantes hémorragies. »
Les Routiers étaient des soldats mercenaires démobilisés qui, pour vivre, se déplaçaient de province en province, « détroussant les voyageurs, rançonnant les châteaux, ravageant les campagnes et commettant partout des meurtres et des crimes dont le seul récit glaçait d’horreur les populations. »
Puis après une période de relative tranquillité, les mêmes causes produisant les mêmes effets, des bandes de pillards, « les écorcheurs », eux aussi mercenaires démobilisés, vinrent ravager la région en 1444.
Dans un acte (terrier) daté de 1460, Corbenay est mentionné. On y trouve le rappel des redevances que les habitants doivent au Prieuré de Fontaine : « … pour leurs tailles à eux imposées du terme de mi-carême 1460, 8 francs ; et pour leurs tailles de la dite Saint Michel, 10 francs ; desquels Mondit seigneur le Duc de Bourgogne a et prend la moitié et le Prieur de Fontaine l’autre moitié… » C’est le premier acte d’une longue série de différents qui vont opposer, jusqu’à la Révolution, les habitants de Corbenay et les différents seigneurs dont ils dépendent.
Durant tout le XVIème siècle, le village de Corbenay eut à pâtir des rivalités entre grands seigneurs, tantôt vendu (100 livres estevenantes), tantôt légué en héritage, tantôt partagé, enfin terre de surséance, c’est-à-dire que les seigneurs n’arrivaient pas à se mettre d’accord. A partir de 1564, lors de conférences tenues à Fontenoy-le-château, la difficulté consista à décider à qui appartiendrait la souveraineté de certains villages, tel Corbenay dont les terres appartenaient pour partie à des seigneurs comtois et pour partie à des seigneurs lorrains.
En 1595, Henri IV, qui avait déclaré la guerre à l’Espagne, envoya le lorrain D’Haussonville conquérir la Franche Comté. Les troupes se livrèrent à de nombreuses exactions dans tout le nord de la province et nul doute que Corbenay eût à en pâtir. Le traité de Vervins en 1598 mit fin à la guerre mais ne régla pas le problème de la souveraineté, entre autres, de notre village.
En décembre 1613, à Vesoul, de nouvelles rénions réunions eurent lieu avec les députés de l’Archiduc Albert, archiduc d’Autriche et Comte de Bourgogne, ceux de son épouse Isabelle-Claire-Eugénie, infante d’Espagne et ceux d’Henri II, duc de Lorraine. Aucun véritable accord ou traité ne permit de régler le problème qui ne le sera finalement qu’au début du XVIIIème siècle, après l’annexion de la Franche Comté par la France de Louis XIV.
En l’an 1608, Françoise Treuillet, dite la Tisserande, de Corbenay connut une célébrité dont elle se serait bien passée. Jugée comme sorcière, suite à un long réquisitoire à charge, elle fut condamnée à « être … menée et conduite au gibet par le maître de la haute Justice et là, attachée à un poteau et étranglée jusqu’à ce que mort s’ensuive. Puis son corps sera brûlé et réduit en cendres. »
En 1635, une grave épidémie de peste ravage Saint Loup et les villages environnants. Et comme un malheur ne vient jamais seul, la guerre se présente alors à notre porte.
Après la mort de l’archiduc Albert (1621) et celle d’Isabelle-Claire (1635), Richelieu et Louis XIII ne se sentirent plus liés par le pacte de neutralité qui avait été signé avec eux. C’est le début de la guerre de Dix Ans qui va ravager la Franche Comté. Les armées, qu’elles soient amies ou ennemies de notre province, pillent, tuent, rançonnent, dévastent tout sur leur passage.
En 1638, alors que la peste poursuit ses ravages et que la guerre continue, un autre fléau fait son apparition : la famine.
Voici ce qu’en dit Girardot de Nozeroy dans son « Histoire de dix ans de la Franche Comté de Bourgogne » : « La postérité ne le croira pas, les riches qui possédoient forces chevances et avoient eu au commencement des espargnes, estoient espuisez, les pauvres paysans estoient retirez dans les villes sans labeur ny employ, le bled (blé) rare partout se vendoit à prix démesuré : on vivoit des herbes des jardins et de celles des champs : les charognes des bestes mortes estoient recherchées aux voiries… les chemins demi lieüe loing estoient pavez de gens haves et deffaictz, la plus part estenduz de foiblesse et se mourant… »
Après la guerre de Dix ans, la situation est apocalyptique. La guerre, la peste et la famine ont ruiné la province.
Corbenay n’a pas été épargné. En 1614, il y avait au village 58 ménages. En 1654, il n’y en avait plus que 34.
La Franche Comté fut rendue à l’Espagne par le traité d’Aix-la-Chapelle mais dès 1674, en cinq mois, elle fut une nouvelle fois conquise et devint française en 1678.
Quant à Corbenay, le village ne devint définitivement français que lors du traité signé le 25 août 1704.
Le XIXème siècle plus calme permit à Corbenay de se développer. Dès 1688, le village comptait 56 foyers ; en 1747, il en était à 93 et en 1778, à la veille de la Révolution, 131.
Comme les autres villages, Corbenay traversa la Révolution avec ses heurs et malheurs. Période troublée, agitée, le village connut quelques années difficiles.
Corbenay qui, dès 1778 avait entrepris de construire une église plus grande, devint en 1807, une paroisse à part entière (jusque là le vicaire desservant dépendait de St Loup). Le corps de l’église, suite à un incendie, fut reconstruit en 1828 et la sacristie quelques années plus tard.
Le XIXème siècle fut un siècle de développement et de construction ou reconstruction : église, cure, école primaire, école privée religieuse, école maternelle (salle d’asile), nombreuses fermes… On peut affirmer que l’actuel centre bourg date de cette époque. Le grès rouge si particulier des carrières du village y est présent dans toutes les maisons.
Dans les années 1860, un projet d’installation de bornes fontaines lavoirs voit le jour. Il sera réalisé en 1865.
La fin du siècle vit arriver le chemin de fer ; trois lignes traversèrent le village.
Une gare s’installa sur son sol (la gare d’Aillevillers), une halte voyageurs/marchandises fut construite à Corbenay même en 1878. Tout cela fut la source d’une certaine prospérité pour le budget communal.
L’actuel corps des sapeurs pompiers est crée le 14 novembre 1888.
Un bureau de poste est installé en 1912.
L’actuelle mairie est reconstruite en 1913.
Le téléphone arrive au village 1899 et l’éclairage public en 1908.
L’actuel système d’adduction d’eau est mis en place entre 1923 et 1930.
Le monument aux morts est inauguré le 21 août 1920, Corbenay ayant eu son lot de jeunes soldats mort au front pour la Patrie (voir le chapitre monument aux morts ).
A l’été 1929, les routes, dans la traversée du village sont « cylindrées et goudronnées » et décision est prise de construire un pont au-dessus de la voie ferrée sur la route d’Aillevillers.
La seconde guerre mondiale eut un caractère douloureux pour le village puisque, outre le bombardement de la gare d’Aillevillers (en fait gare de Corbenay) le 14 juin 1940, bombardement qui fit de nombreuses victimes (23) et causa de grands dégâts, nous eûmes à déplorer l’arrestation, la condamnation et l’exécution le 16 février 1944 de quatre habitants du village qui faisaient partie de la Résistance (groupe Surcouf) : Henri DUHAUT, Gilbert DUHAUT, Georges HENRY, Pierre HENRY.
Dans les années 60, Corbenay peut s’enorgueillir d’avoir un maire député puis Ministre de la République : Jean-Jacques Beucler. C’est lui qui a donné au village son visage actuel.
Historique écrit par Georges BARDOT maire de la commune de 2008 à 2020
Compléments : Lettres d'information historique